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Aurel Bauh

Le Petit Paris, comme on appelait encore Bucarest dans les années 1930, est bien rendu dans le livre de photographies par Les éditions d’état pour la littérature et les arts Bucarest 1957.

Voici ce qu’on peut lire en français dans la préface sous la plume de l’écrivain poète Tudor Arghezi :

« L’artiste dont l’objectif a saisi d’une façon si harmonieuse les angles et les perspectives de Bucarest avec son goût et son talent unique dans l’art de portraiturer un paysage et d’en fixer l’image, cet artiste s’appelle Aurel Bauh »

Ce Bucarest qui n’a pas encore souffert les affres d’une politique, ou disons qui a souffert d’une absence de politique, est encore proche de sa grande sœur Paris.

On y voit, entre autre, l’hôtel Athénée Palace construit par Bradeau ou la Caisse d’Epargne construite par Paul Gottereau…. etc…

Pas seulement la patte française bien sûr, mais quand même, une influence qui vient de là-bas mais aussi de magnifiques bâtiments dessinés par des architectes roumains de qualité comme Savulesco, Berindei ,Storck et j’en oublie…

Un parcours au rythme lent de clichés bien cadrés via l’histoire du 16 ième siècle avec l’église Curtea Veche, le musée des antiquités, les maisons d’habitation modernes du quartier Ferentari ou le stade Dynamo…etc .

Un travail de photographe qui maîtrise la photographie d’architecture, un témoignage daté de 1957, pour ceux qui ont la lourde charge de sortir cette magnifique ville du chaos où elle est tombée aujourd’hui  par ……les erreurs de l’histoire.

Aurel Bauh avait son studio rue Popa Rosu, pas très loin de Calea Victoriei, une des artères les plus importantes de la ville, pas très loin du fameux café hôtel Capsa dont l’ambassadeur français Paul Morand disait en 1943-44 que c’était le cœur de la ville (comme une ambiance culturelle des années Montparnasse).

Il est curieux alors que seulement un livre  resterait comme preuve du travail de ce photographe.

Il a bien fourni des photos de terrain pour la revue Sociologie Romaneasca avec un travail apprécié par son ami Anton Galapentia , le rédacteur en chef qui passera, avec grands risques , à  un membre de la famille Bauh, de confession juive, l’aide financière de Aurel .

Il a bien illustré Oameni si carbuni in Valea Jiului Editura de Stat 1947 par l’écrivain Geo Bogza, un des théoriciens de l’avant garde roumaine.

Dans son studio, il a bien du faire des portraits des hommes en vue de Bucarest, des intellectuels ou des artistes et aussi des cartes postales comme l’ont fait ses collègues de l’Association des Artistes Photographes de la République Populaire Roumaine dont il est membre fondateur en 1956.

Très peu de traces si ce n’est un témoignage de la photographie, d’un des critiques tout puissant de l’époque vêtu de son uniforme soviétique, exposée dans la vitrine du studio.

Ce critique s’appelle Jules Perahim, maître du surréalisme qui finira ses jours en France (2008) en y retrouvant sa liberté de penser dès 1969.

Tiens donc, on reparle de Paris. Et si Aurel Bauh (Bauch) avait connu la ville lumière ?

Et bien oui et le mystère devient encore plus épais.

Paris 1920-1934 ?

Des photos en ventes sur www.arcadja.com/auctions/it/bauh_aurel/prezzi-opere/358436/

Des titres : amphithéâtre de la faculté de médecine, nu féminin, sans titre/pieds nus, les têtes de poissons

Le marché de la photographie nous met sur la piste.

Quelques images, de plus en plus recherchées sont en plein dans cette modernité photographique comme le montre l’exposition de la MNAC de Barcelone avec une image signée Aurel Bauh 1929. Sans titre

El estadounidense Man Ray es el ejemplo más conocido de artista establecido en París, donde triunfó, igual que lo hicieran Brassaï, François Kollar, Germaine Krull o André Kertész. Otros artistas de la época establecidos en París y con obra en esta exposición del MNAC son Marcel Duchamp, Laure Albin Gillot, Aurel Bauh, Hans Bellmer, Pierre Boucher, Florence Henri, René-Jacques, Fernand Léger, Eli Lotar, Raoul Ubach, André Papillon, André Vingeau y René Zuber.

Il est donc au coté de beaucoup de ces photographes qui explorent aussi les nouvelles techniques comme la solarisation, le photogramme, la photo sans appareil photo, le direct sur la surface photosensible et aussi à coté de Fernand Léger avec qui il étudie.

Aura-t-il été aussi élève d’Archipenko sur les conseils de Léger dans les années 1920-1921 à Berlin comme l’indiquent certains indices ? Donc Bauh serait à Paris, déjà, dès 1920 ? Relations avec les roumains comme Brancusi et Tzara ?

Mais Assia Granatourof, la jeune modèle rayonnante de ses 20 ans , celle que décrira le sculpteur Despiau  comme ayant….« les épaules égyptiennes et le bassin grec »…. !

Cette ukrainienne d’origine dont le corps puissant sera couché, pour la ligne, sur le papier photographique par des artistes de renom dont je vous joins la liste.( photo à venir dans la causerie Ergy landau)

  • Aram Alban,Laure Albin-Guillot,Aurel Bauh,Nora Dumas,Rémy Duval
  • Germaine Krull,Ergy Landau,Dora Maar,Harry Meerson,Jean Moral
  • Roger Parry,Rogi André,Roger Schall,Emmanuel Sougez

Donc Aurel Bauh est à Paris dans ces années si importantes pour l’histoire de la photographie européenne et il revient pour créer son studio à Bucarest en 1934 ?

Bucarest 1934-1961

Aura-t-il eu raison, fut il forcé de revenir,que savait-il de l’avenir qui allait assombrir les cieux roumains ?

Il semble qu’il n’ait du, qu’à sa qualité d’excellent professionnel et à son réseau d’amitié, de pouvoir continuer son métier, tout en faisant l’objet d une certaine surveillance par les sbires de la sinistre Securitate de Ceausescu.

Cela expliquerait-il le silence sur le travail de l’artiste ?

Selon la veuve de Ilarie Voronca, le poète d’avant-garde, Aurel Bauh l’a photographié à une terrasse de Montmartre quelques temps avant sa maladie.

Voranca décédera en 1946 donc avant le durcissement des facilités de voyages vers l’Europe de l’Ouest.

Paris 1961-1964

Il revient à Paris en tant que photographe free- lance et y meurt dans un accident, 64 ans après sa naissance en 1900 dans la ville de Craiova qui aura été récompensé cette même année par une médaille d’or à l’Exposition Internationale de Paris pour son projet de parc dessiné par l’architecte français Edouard Redont.

Les images de Aurel Bauh sont dispersées en France, en Allemagne et en Israël et dans des collections particulières.

Ses clichés, ses négatifs ont-ils disparus à jamais, détruits volontairement ou non ?

Peut être cette causerie photographique aura-t-elle la chance d’être lue et de provoquer un travail  de recherches plus ample ?

  • http://www.actuphoto.com/photographes/biographies/aurel-bauh-12396.html
  • http://www.cornelyu.ro/blog_r/?p=1332 blog de Cornelyu
  • A trouver : Arts et Métiers graphiques 1936
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