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La nature morte

Un genre particulièrement vénérable

Depuis des siècles, pour la plus grande satisfaction de leurs commanditaires, les artistes ont créé des images presque palpables de coupes de fruits, de tables chargées d’assortiments de gibiers et autres agréments de la civilisation.

Même lorsque, au début du XXe siècle, la peinture s’est tournée audacieusement vers les représentations abstraites, la nature morte — les compositions de fruits de Paul Cézanne, les guitares cubistes de Georges Braque, par exemple — n’a pas pour autant cessé d’être un mode d’expression artistique toujours en faveur.

Des sujets d’une grande variété

Comme on pouvait logiquement s’y attendre, les premières incursions de la photographie dans ce domaine ont suivi les mêmes tendances que la peinture et les photographes ont choisi les mêmes sujets et cherché à représenter les mêmes notions de plaisir et de confort.

De nos jours les photographes de natures mortes sont devenus leurs propres maîtres, leurs réalisations aux facettes si diverses constituent désormais un rouage essentiel du commerce.

Il nous suffit d’ouvrir un catalogue, un livre de cuisine, un simple traité d’électronique pour découvrir de talentueux travaux photographiques, dus à ces spécialistes de la nature morte.

Ce tube de rouge à lèvres d’une luxuriante richesse, ce luxueux aménagement intérieur d’une voiture, ce plat de bouillie de farine aux fruits, autant de preuves de la direction vers laquelle tend cet art.

C’est par milliers que les photographes gagnent leur vie en présentant des produits sous leur meilleur jour et en excitant l’appétit de l’éventuel consommateur.

Dans une large mesure, notre économie dépend des petites touches que le photographe apporte, par exemple en accusant d’une façon artistique la buée qui perle sur une bouteille fraîche de soda ou la brillance des chromes d’une automobile.

Les photogra­phies de natures mortes ne sont pas exclusivement commerciales

Fascinés par les jeux des ombres et de la lumière, par d’harmonieux équilibres de formes et de volumes, les photographes s’intéressent aussi aux natures mortes pour des raisons purement esthétiques.

La traditionnelle célébration de la nature morte demeure encore très vivante et, de surcroît, les photographes actuels ont beaucoup élargi la gamme des sujets.

Des objets, dont seules quelques rares personnes décèlent la beauté, leur fournissent matière à exécuter de véritables œuvres d’art.

Toutes les bonnes natures mortes ont un point commun : elles exigent une laborieuse attention et beaucoup de minutie dans le détail.

Edward Steichen, un des plus grands photographes de nature morte

Il s’est consacré à la préparation de compositions de pommes et de poires.

La préoccupation majeure de Steichen était de trouver des moyens d’inclure dans ses photographies les notions de volume, d’échelle et de poids.

Pour exécuter celle-ci, il fit appel à une technique extrêmement fastidieuse.

Ayant décidé qu’un éclairage diffus était particulièrement indiqué dans ce cas-là, il disposa les fruits et son appareil photographique sous une tente constituée par une épaisse couverture et, par un orifice gros comme une petite pièce de monnaie, il laissa filtrer un peu de lumière à l’intérieur de la tente, de telle sorte qu’elle soit réfléchie par une des parois.

Sur l’appareil photographique, il plaça un diaphragme de sa fabrication dont le diamètre était si faible qu’il correspon­dait, selon lui, à une ouverture de f/128. Il réalisa ainsi une série de photographies avec des durées d’exposition variant de 6 à 36 heures.

Edward Steichen

« Les plus longues expositions durèrent plus de deux jours et une nuit, et ce fait », nota-t-il par la suite, « engendra, en raison de la fraîcheur nocturne, une succession de contractions et de dilatations de l’ensemble que constituaient l’appareil photographique et le sujet. De ce mouvement infinitésimal résulta une suite d’images d’une grande netteté mais légèrement différentes, confon­dues en une seule pour l’œil. Pour la première fois dans une photographie, j’eus ainsi la possibilité de saisir les notions de volume et de forme ».

Une telle somme d’efforts n’est nullement exceptionnelle.

Ainsi, les explica­tions que nous donne Steichen ne traitent qu’un des multiples facteurs dont il y a lieu de tenir compte pour créer et réussir des natures mortes de qualité.

Le photographe de natures mortes face à ses choix

Quel que soit le sujet — qu’il s’agisse d’une simple pomme ou d’une composition complexe d’ustensiles —, le photographe se trouve confronté à un certain nombre d’options concernant l’angle de prise de vue, la distance, l’éclairage, le fond, etc.

Il lui faut décider s’il est souhaitable de mettre l’accent sur le volume, la forme ou la texture du sujet.

A l’avance, il doit savoir comment l’œil prospectera la photographie définitive et si cette inspection s’effectuera d’une façon linéaire, en zigzag, en spirale ou encore par bonds désordonnés.

Il lui est indispensable de savoir comment disposer les éléments de l’image, pour que l’ensemble dégage une impression de tension ou, au contraire, de quiétude.

Il doit imaginer les différents équilibres qu’il peut créer en jouant sur les zones d’ombre et de lumière; et, s’il utilise de la couleur, tenir compte de son influence spécifique sur le mouvement, le rythme et le contraste.

Quant aux choix possibles pour le spécialiste de la nature morte, il n’existe ni règles absolues, ni moyens de prendre des décisions hâtives.

On peut, à partir d’un même sujet, obtenir des photos aussi excellentes les unes que les autres, en adoptant des dispositions très diverses : équilibre ou désordre de la composition, caractère général de tension ou de tranquillité, sujet massif ou, au contraire, très détaillé du point de vue de la texture, éclairage diffus ou accusé.

L’angle de prise de vue, l’éclairage, la composition influent sur les qualités d’une photo pour qui la regarde.

Il incombe au photographe de décider quelle est la meilleure approche, compte tenu du but vers lequel il tend.

Le véritable défi que constitue la photographie de nature morte fait de ce grand thème une riche source d’inspiration artistique .

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