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Albert Watson : pourquoi le noir et blanc ?

« Ce qu’il y a de magique avec le noir et blanc, c’est la qualité surréelle, étrange : dans la vie, tout est en couleur, on voit en couleur. Le noir et blanc donne alors une vision irréelle des choses. Mais que l’on fasse du noir et blanc ou de la couleur, l’essentiel c’est d’avoir d’abord un concept, une idée qui justifie l’emploi de l’un ou de l’autre.

Beaucoup de photographes choisissent l’un ou l’autre par facilité technique, car ils ne veulent pas tenter ce qu’ils maîtrisent le moins. Certains optent pour le noir et blanc pensant qu’il y a moins de paramètres à contrôler, pour sa latitude d’exposition.

Pour moi, le noir et blanc est un choix émotionnel, il s’impose de lui-même avec certaines atmosphères ou sujets.

Mais il faut éviter les systématismes et les idées reçues. Je prends l’exemple d’une photo de mode à réaliser avec des vètements noirs : on pourrait se dire que le noir et blanc est une évidence. Pas pour moi, au contraire, en couleur, avec le teint de la peau, celui des cheveux ou des bijoux, les vêtements noirs seront mieux mis en valeur, seront plus riches, plus luxueux. Aussi, l’idée que seule la photographie noir et blanc est une valeur artistique sacrée, c’est du passé. L’époque d’Edouard Weston  ou de Paul Strand, connus pour leurs superbes tirages noir et blanc, c’est une autre époque.

Je n’abuse pas de la retouche, je veux dire des effets spéciaux,
je fais juste un nettoyage du négatif ou du fichier.
Mes idées, elles viennent à la prise de vue, pas au développement.
Mon portrait de Mick Jagger fut réalisé en double exposition.

La photo noir et blanc se vend aussi bien que la couleur, elle sera toujours là. Je viens de voir un film en noir et blanc, Le rubant blanc de Michel Haneke, palme d’Or à Cannes, c’est magnifique. Le noir et blanc reste plus que jamais d’actualité. »

Texte de Albert Watson, photographe

Albert Watson est un photographe de mode et portraitiste écossais, né à Édimbourg en 1942. Depuis les années 1970, il marque le huitième art par des publicités (Gap, Levi Strauss & Co., Chanel), des affiches de films ou des couvertures de Vogue, Rolling Stone, ou Time. Il met en scène, dans un style caractéristique, les icônes de la mode, du rock, du cinéma. Il réalise par ailleurs, lors de ses voyages, des photographies de paysages également exposées à travers le monde.

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