Alexandru Bellu (1850-1921)
Bellio à Paris
Le jeune homme de bonne famille qui fait ses études en Suisse et en France , vivant d’abord avec sa mère divorcée,ensuite chez son oncle le docteur Georges de Bellio à Paris est né sous la bonne étoile.
Sa famille, des boyards (propriétaires terriens) fortunés venant de Macédoine et installés en Roumanie vont lui transmettre le goût de la connaissance et la culture .Des études de droits à Paris et les rencontres des milieux intellectuels et artistiques de l’époque.
Et quelles rencontres !
Nadar dans son atelier, 35 Boulevard des Capucines et les peintres impressionnistes, 9 Place Pigalle au café de la Nouvelle Athènes. Des amis de son oncle, collectionneur et mécène des impressionnistes.
Aussi les intellectuels et artistes roumains qui viennent du Petit Paris, comme est appelé Bucarest vers la ville Lumière, comme celui qui deviendra le peintre national Nicolae Grigorescu mais qui, pour l’instant, dans ces années 1876-1877 est un inconnu ou presque, parmi les peintres de l’Ecole de Barbizon, un peintre qui s’évade vers la Bretagne pour s’installer des mois à Vitré. Ce peintre sera l’ami pour toujours.
Catinca
Care cu boi la Oratii
De Paris en passant par l’Italie , Alexandru Bellu s’initie à la photographie auprès de Nadar mais aussi des frères Alinari de Florence qui lui prêtent leur laboratoire pour y faire lui même ses tirages , peut être aussi Giacomo Brogi ,qui aussi possède un de ses studios à Florence.
Toujours à Paris, il se lie d’amitié avec les fabricants d’appareils de photographies et de produits comme Jules Richard, fabricant des appareils stéréoscopiques qu deviendront aisés de manipulation avec des plaques photographiques toutes prêtes à l’emploi vers la fin du 19ieme siècle.
Avant l’amateur éclairé pouvait aussi étaler l’émulsion photographique sur les plaques de verre. Alexandru Bellu utilisera son Vérascope Richard lors de ses déplacements pour ses souvenirs touristiques.
Homme cultivé, riche et avec relations, Alexandru Bellu sera à Paris en 1900 pour le projet de la construction du pavillon de la Roumanie sur le modèle de son conac, lors de l’Exposition Universelle .Le projet ne se réalisera pas. Cependant il sera décoré par les autorités françaises de la Légion d’Honneur au grade d’officier.
Mais, l’œuvre est ailleurs.
En effet sur sa terre, dans sa propriété, dans son conac de Urlati, il va pouvoir, pendant une trentaine d’années, sans aucun besoin pécuniaire, réaliser un tableau d’une paysannerie heureuse et d’un milieu rural idyllique.
Utilisant les paysans, de fait les paysannes ou ses jeunes servantes (la belle Didina) comme modèles et seulement 2 ou trois hommes dont le « Père Nita » et quelques groupes tziganes il va donc réaliser, par plusieurs prises s’il le faut, des tableaux posés ou sur le vif de jeunes beautés habillées de leurs beaux atours.
Images tirées de : La Roumanie en images. Vol I 1922 .Seconde édition Coll Ellge
Une certaine naïveté transpire de ces mises en scènes et on pourrait même dire un certain érotisme doux. Les échancrures des corsages semblent bien étudiées pour suggérer une plastique généreuse et parfaite. La beauté féminine dans un décor champêtre !
Notre photographe, derrière son gros appareil sur pied de bois stable doit faire une mise au point que nous retrouverons, impeccable sur l’album : La Roumanie en Images édité en France en 1919 sous le nom de Phot.Bellio.
Dans ce même album, sont présentes aussi de jeunes paysannes par le photographe Antoniu. L’œil est différent, plus froid, plus documentaire et plus distant.
On a dit souvent que l’œuvre de Bellu s’est construite en parallèle avec celle du peintre impressionniste Nicolae Grigorescu. Je le crois également .Ces œuvres sont complémentaires et ne peuvent annoncer, par leur beauté, les temps à venir.
La situation des paysans n’est pas aussi belle et la pauvreté et ses injustices conduisent à une révolte paysanne en mars 1907 (Rascoala taraneasca) qui sera réprimée dans le sang.
Notre photographe, qui aura perdu son ami le peintre cette même année et ses illusions d’une perte de la nature idyllique ou d’un changement de société (les boyards cultivés de grande lignée seront remplacés par des nouveaux riches incultes) ne touchera plus à ses chères plaques photographiques, s’occupant alors, sans doute, de ses collections de tableaux, de meubles, de monnaies anciennes.
Il est intéressant de constater que ses images seront imprimées, en 1919, dans cet album fait en France et ensuite, par son fils dans différentes maisons d’édition roumaine après la mort de l’artiste.
Les cartes postales sont recherchées par les collectionneurs aujourd’hui en sachant qu’une partie de ses plaques et ses tirages ont été perdus, dispersés ou détruits par les partages des succession ou l’incurie des autorités culturelles dans une histoire compliquée .
Vers les années 1928, une partie de son fonds sera conservée au ministère des affaires étrangères.
Coll Ellge
Foto: Alexandru Bellu (1850-1921)
- Un livre que je recommande et dont je me suis inspiré : Petre Costinescu.Documente in alb-negru.Un fotograf de la sfirsitul veacului trecut. Alexandru Bellu Editura Sport turism Bucuresti 1987
- Encyclopédie internationale des photographes camera obscura .Ch 1248 Hermance Suisse 1985
- www.zf.ro/ziarul-de-duminica/memoria-cartii-postale-pagini-suave-de-erotism-rural-4881283/
- http://postcardscollection.wordpress.com/2010/04/09/from-the-photographs-of-alexandru-bellu-ii/
- https://sites.google.com/site/cartepostala/colectia-bellu
- sur facebook : un stock d’images Bellu https://www.facebook.com/media/set/?set=a.400204363398082.98592.183296198422234&type=1
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