Numériser avec un Reflex numérique
Les progrès des capteurs numériques en terme de définition (nombre de pixels) et de dynamique permettent d’envisager de plus en plus la numérisation des négatifs ou diapos avec un Reflex numérique.
Une fois l’appareil acheté, il ne vous reste plus grand chose à ajouter pour obtenir facilement des scans d’une qualité correcte voire supérieure, en moyen format, à un scanner à plat haut de gamme comme le Epson V850.
Pour travailler d’une façon efficace je vous propose la configuration matériel suivante
- un Nikon D800 (avec ses 36 MP, sa dynamique et ses bonnes optiques macro le D800 est un très bon choix pour scanner)
- un objectif macro : Sigma DG 50mm F2.8, nikon AIS 55mm, AF 60mm + bague allonge éventuelle
- un agrandisseur KROKUS 3 à acheter d’occasion pour 50 euros environ ; ainsi on récupère :
- la colonne avec le plateau
- le porte négatif avec verre qui permet de conserver bien à plat le négatif (jusqu’au format 6×9 cm)
- un petit flash
- un caisson fait maison avec du papier d’aluminium à l’intérieur pour réflechir la lumière du flash, un verre dépoli au dessus).
- un niveau à bulle pour vérifier que le boitier est parfaitement parallèlle au porte négatif.
Avant toute chose vous devez vérifier la qualité de votre éclairage
Vous photographiez sans négatif et vous vérifier que l’étalement de la lumière est parfaitement réparti sur toute la surface.
La numérisation : mode opératoire
- positionner le négatif dans le porte négatif après l’avoir dépoussiéré
- cadrer le négatif
- faire la mise au point (en manuel le D800 possède un télémètre electronique)
- régler l’appareil vitesse : 1/125e à F8 ou 11 à 100 ou 200 Iso
- positionner le flash au bon endroit (juste au dessus du porte négatif)
- déclencher (format raw)
- vérifier l’histogramme et changer le diaphragmme si besoin.
Quelle est la définition (DPI) obtenue sur le scan 6×7 (soit 56mm x 69,5mm)
Le calcul est le suivant DPI = ( nb de pixels en largeur x 2,54) / largeur (en cm).
Une fois le négatif 6×7 recadré à la prise de vue on obtient 1166 dpi sur le Canon 5D (12,3 MP)
Exemple : 2570 pixels x 2.54 / 5,6 cm = 1166 DPI
- avec un Canon 5D : 1166 dpi
- avec un Canon 5D mk 2 ou mk 3 : 1673 dpi
- avec un Nikon D800 : 2180 dpi
Comparatif Canon 5D Mark 1 vs Nikon D800
Sur un tirage A4 on ne voit pas la différence. Par contre si on agrandit l’écart est important.
Numériser avec Photomerge
En réalisant 4 photos d’un négatif 6×7 puis en utilisant photomerge on double, en moyenne, le nombre de pixels, on obtient 3300 dpi avec un Canon 5D Mk2, 4400 DPI avec un D800. Rappelons qu’un Scanner Hasselblad Flextight X1 plafonne à 3200 DPI en moyen format ce qui largement suffisant pour comptez les grains d’une Kodak Tri-X développée dans du D76.
Comparatif NIKON Coolscan 5000 vs Nikon D800 (avec obj. Nikon 55mm F2.8 macro)
Comme on pouvait s’y attendre, le résultat final est à l’avantage du Coolscan 5000 avec plus de contraste, de définition et un grain plus marqué produit par la lumière dirigée.
Dans cette configuration l’objectif macro utilisé sur le D800 ne permet pas d’exploiter tous les pixels du capteur. Pour certains photographes, qui ne supportent pas le grain, le D800 possède un petit avantage : l’éclairage est beaucoup plus diffus ce qui masque le grain et les éventuelles poussières. A noter qu’en post-production, l’outil « flou de surface » de Photoshop permet aussi d’atténuer le grain.
Ici la trame Chasseurs d’Image a été photographiée avec un Leica M6 + Cron 50 mm + Tmax 100 développé dans du Rodinal.
Conclusion : sur un tirage A4 on ne voit pas de différence, sur un tirage A3+ une légère différence apparaît.
Si vous souhaitez améliorer la qualité de votre scan vous pouvez investir dans un soufflet pour la macro et faire l’acquisition d’un objectif optimisé pour le rapport 1:1 par exemple l’ APO Rodagon D 75mm F4
Par rapport à un scanner à film dédié on obtient
- une parfaite planéité du négatif donc netteté sur l’ensemble de l’image ; avec nombre de scanners, dans le cas de négatifs bombés, les bords ne sont pas nets
- négatif complet : on garde les marges noires, si on le souhaite on peut jouer « à la Cartier-Bresson » (avec des filets noirs sur chaque image indiquant que la photographie est authentiquement non recadrée…)
- bonne dynamique pour les meilleurs capteurs de Reflex : on a toute la gamme de gris avec du détail dans les hautes et basses lumières
- grain moins marqué qu’avec un scanner dédié
- possibilité de numériser une partie de l’image (en cas de fort recadrage ou en studio sur fond lisse noir ou blanc)
- multiple scanning possible avec photo merge pour une définition maximum
De quelle résolution avez-vous réellement besoin ?
On est tenté de numériser avec une résolution la plus élevée possible !
Comme toujours le matériel doit être au service de l’image photographique (et non pas l’inverse).
Le résolution « utile », celle dont vous avez réellement besoin, dépend de plusieurs facteurs :
Si vous avez décidé une fois pour toute que votre format d’agrandissement maximum ne dépasserait pas le A2
(soit pour des tirages mesurant 40 x 50 cm au maximum) il n’est pas utile de numériser votre négatif 6×7 à 3200 DPI. Dans ce cas 2100 DPI suffit.
Un bon exemple est le film Kodak TMax 100 Iso qui produit un grain ultra fin (autant que la Pan F 50 Iso de Ilford).
Pour utiliser toute cette finesse de grain un scan permettant un vrai 4000 DPI est à peine suffisant.
Dans ce cas les grains ultra fins se confondent avec les pixels ; il vaudrait mieux 5000 DPI.
A ma connaissance, il n’existe pas de scanner qui permettent d’atteindre un vrai 5000 DPI.
Seul un reflex numérique avec un capteur de 36 voir 50 MP et un objectif Ad Hoc.
Par exemple un objectif dédié pour la reproductionau rapport 1:1 en 24×36 mm permet cette finesse.
La résolution de l’objectif de prise de vue est aussi à prendre en compte.
Pour retranscrire les 120 paires de lignes par milimètre permises par une bonne optique
Nikon, Leica ou Mamiya 7 vous avez besoin d’un scanner offrant une résolution de plus de 4000 DPI.
Vous l’avez compris c’est tout le workflow qui influe sur le résultat final (de la prise de vue au tirage).
Une fois prises les bonnes décisions techniques…le plus difficile reste à faire : réaliser de belles images originales, bien composées, procurant de l’émotion, avec un style qui vous est propre…ce qui n’est pas une mince affaire…
Les 10 meilleurs objectifs pour numériser au rapport 1:1
Ces objectifs sont soit des objectifs macro, objectifs pour agrandisseurs ou des objectifs prévus pour la reproduction. Le rapport 1:1 signifie qu’avec un capteur FX vous numérisez un négatif 24x36mm. A noter que les performances d’un objectif dépendent du rapport d’agrandissement ; un objectif peut être performant au rapport 1:1 et faible à 1:2 ou l’inverse.
Une note basse indique des performances élevées (au centre et sur les bords).
Référence objectif | Classement | Performances globales |
Nikon Printing-Nikkor 150/2.8 | 1er | 1.3 |
Schneider 45mm f/4 APO |
2 | 3.3 |
► Sigma 50mm f/2.8 DG macro | 3 | 3.3 |
Nikon Printing-Nikkor 105mm f/2.8A |
4 | 4.7 |
Nikon 55/1.2 Nikkor-O m=1:5 | 5 | 5.0 |
Nikon Printing-Nikkor 105mm f/2.8 | 6 | 5.0 |
Rodenstock APO-Rodagon 75mm f/4 1:1 | 7 | 5.7 |
Zeiss Luminar 63mm f/4.5 | 8 | 6.0 |
Zeiss 74 mm f/4 S-Planar 1:1 | 9 | 6.0 |
Schneider Componon-S 50mm f/2.8 | 10 | 6.3 |
Chose surprenante on voit ici que l’objectif Rodenstock APO-Rodagon 75mm f/4 n’est pas bien placé il faut dire qu’il est capable de couvrir un capteur moyen format (jusqu’à 56 x 56 mm).
A noter qu’au rapport 1:2 (soit au rapport d’agrandissement de 0.5) pour numériser par exemple des négatifs 6×6, 6×7 ou 6×9 le classement diffère, les 3 premiers sont :
1) Nikon Printing-Nikkor 150/2.8
2) Nikon 55/2.8 micro-Nikkor AIS
3) Sigma 50mm f/2.8 DG macro.
Source: www.coinimaging.com
L’objectif le plus intéressant pour numériser avec un Reflex numérique est le Sigma 50 mm 2.8 DG MACRO
Le Sigma 50 mm F2.8 DG MACRO
Il est intéressant à plusieurs titres :
- très performant au rapport 1:1 pour numériser du 24×36, il convient aussi pour le moyen format
- récent
- facile à trouver
- descend jusqu’au rapport 1:1
- monture en standard : nikon, Canon…
- prix autour de 170 euros en occasion en parfait état
- pour numériser du 24×36 mm : très performant (au rapport 1:1) au centre et sur les bords
- pour numériser du 6×6, 6×7, 6×9 il est également très performant (au rapport 0.4).
Il a quand même 2 inconvéniants :
- j’ai trouvé sa fabrication un peu « cheap »
- sa bague de mise au point est un peu lache si vous travaillez en manuel. Donc attention de ne pas dérégler la MAP entre deux scans !
Pour une mise au point plus précise : utilisez l’autofocus avec mémorisation
Pour réaliser des scans parfaitement piqués, il est indispensable d’effectuer une mise au point la plus précise possible .
Sur le Nikon D800 il existe à l’arrière du boitier un bouton AF-ON, il permet de réaliser la mise au point via l’autofocus sans utiliser le déclencheur.
En suite il conserve le réglage jusqu’à ce que vous appuyez de nouveau sur le bouton AF-ON pour une nouvelle MAP.
Pour pourvoir utiliser ce bouton AF-ON il faut le spécifier dans le menu Autofocus : AF-ON seulement (voir le manuel du D800 page 99).
NIKON Coolscan 5000 vs Nikon D800 (rapport 1:1 obj. SIGMA 50mm F2.8 macro)
Au centre :
Centre Nikon Cooscan 5000 (3980 DPI 20.78MP)
Nikon D800 + Sigma 50mm F2.8 DG Macro à F8 (5100 DPI 36 MP)
Sur les bords :
Bord en haut à gauche Nikon Coolscan 5000
Bord en haut à gauche Nikon D800 + Sigma 50mm F2.8 DG Macro à F8
Conclusion :
Par sécurité j’ai fait l’acquisition de 2 objectifs Sigma qui se sont avérés identiques aux tests.
L’objectif SIGMA MACRO est excellent entre F5.6 et F8 mais c’est surtout les 36 MP du D800 qui font la différence on est alors à plus de 5100 DPI.
La difficulté était de trouver un objectif Macro suffisament performant sur les bords au rapport 1:1 c’est chose faite. Le Coolscan 5000, qui a un avenir très incertain, n’a qu’à bien se tenir !
Le post-traitement des scans
Tout dépend de votre niveau d’exigence.
Colorimétrie, exposition, contraste, clarté, gestion du grain de la pellicule, bruit éventuel du capteur, récupération éventuelle de la dynamique, inversion du négatif, poussières…si vous avez beaucoup de photos à numériser le temps à consacrer en post-traitement (en plus de la numérisation propre dite) peut être important.
Le logiciel de retouche
Un logiciel de retouche est indispensable car toutes les photographies ont besoin de retouches (même mineures).
De nombreux logiciels de retouche permettent de traiter les fichiers Raw (format Raw natif ou DNG), certains sont gratuits :
- Lightroom
- Photoshop CC
- Photoshop element 14 pour 69 euros peut convenir : http://www.adobe.com/fr/products/photoshop-elements.html
- DXO optics
- Nikon Capture NX
- Phase One Capture one Pro 8
- GIMP Ufraw (gratuit) : http://ufraw.sourceforge.net/Cameras.html
- Lightzone (gratuit) : logiciel open source de traitement RAW. L’application est de nouveau disponible (sur Github) avec des versions Linux, Windows et Mac. Il n’y a cependant pas eu de mise à jour récente
- RawTherapee (gratuit) : logiciel libre de catalogage et développement RAW disponible sur Linux, Windows et Mac.
- DarkTable (gratuit) : ce logiciel est très similaire à Lightroo, disponible sur Linux et Mac mais ne dispose pas de version Windows
- Photivo (gratuit).
Travailler en RAW puis en TIFF
Il n’existe pas de conversion automatique de Raw en Tiff ou Jpeg, chaque Raw doit être affiché puis converti manuellement.
Il est bien sûr possible de génerer un jpeg avec votre reflex numérique dès la prise de vue mais cette solution est rarement satisfaisante (c’est une peu comme comparer un costume en prêt-à-porter avec un autre réalisé sur-mesure). Ce n’est pas un problème de définition ou de pixels (en jpeg on conserve toute la définition) c’est un problème d’équilibre global qui varie d’une photo à l’autre.
Si vous recherchez une qualité élevée vous êtes obligé de passer du temps que cela soit en TIFF ou en RAW (ce que vous ne faites pas sur le Raw vous devrez le faire sur le Tiff).
Concernant le temps passé : compter au minimum 3 mn pour régler le fichier RAW puis vérification / réglages du TIFF : 2 mn au minimum. Pour des tirages d’art il m’arrive de passer 40 mn sur une seule image (tout comme avant sous l’agrandisseur).
Numérisation des négatifs couleur, suppression du masque orange
Avec un scanner traditionnel la numérisation des négatifs couleur n’est pas un problème car le logiciel du scanner gère correctement le masque orange du négatif . En revanche, avec un reflex numérique c’est plus difficile ; j’ai trouvé sur le net cette procédure Photoshop (que je n’ai pas expérimenté. Merci, si possible, de partager votre expérience) :
- Ouvrez votre image dans Photoshop
- Attribuez à l’image le profil de l’espace de travail: Adobe RGB par ex. En faites c’est vous qui allez placer à l’oeil l’image dans l’espace de travail
- Vous pipettez la D-Min du film (avec une pipette de 5×5) (bord de film)
- Vous créez un calque
- Avec le pot de peinture, vous remplissez le calque avec la couleur pipetée
- Vous obtiennez alors à l’ecran quelque chose de completement orange (la couleur du masque)
- Vous règlez le mode de fusion avec l’option différence
- L’image apparaît positive et sans masque !
- Ensuite j’utilise un calque de réglages niveau qui me permet d’ajuter les niveau canal par canal, le mode auto de Photoshop donne un très bon point de départ)
- Vous affinez avec un calque de réglages courbe.
Numériser en HDR est-ce utile ?
No Comments
Sorry, the comment form is closed at this time.