Bazil Roman (1913 -1993)
Les murs de trois pièces du musée de l’or , qui se trouve dans l’enceinte de la société Rosiamin (Etat roumain) au bas de la commune de Rosia Montana, sont recouverts de photographies noir et blanc de format 30×40 cm.
Un choc !
Ces images pour certaines reconditionnées datent des années 1935 -1948 et ont été réalisées par monsieur Bazil Roman.
Les informations sur cet artiste sont assez rares même si deux livres reprennent une partie de ses images dans un contexte plutôt scientifique et ethnologique dans le cadre de la situation particulière de cette région dans les montagnes Apuseni ou un gisement d’or, reconnu encore comme les plus important d’Europe, fait l’actualité économique, sociale et politique depuis une dizaine d’années .
Cette région aurifère, avec sans doute d’autres minerais, fait l’objet de convoitises déjà depuis les Daces, l’empire romain, l’empire des Habsbourg ou sous le régime de Ceausescu et maintenant lors d’une actualité brûlante !
Deux livres en rupture de stock :
- 1) Bazil ROMAN, A SINTIMBREAN, V WOLLMANN AURARII DIN MUNTI …EDITURA SPORT TURISM, 1982
- 2) Bazil Roman. Fotograful aurarilor din Tara motilor-Muntii Apuseni Aurel Sintimbran,Horia Bedelean,Aura Bedelean .Editura Altip 2008.
Alors, pourquoi ai- je eu ce choc en regardant ces photos jaunies ? Clairement, la présentation de ces photographies est faite avec des moyens limités ayant besoin d’un intérêt plus marqué de la part d’autorités culturelles et politiques puisque au delà du caractère informatif, nous avons affaire a un grand de la photographie qui a été un témoin talentueux avec son Rolleiflex ou son Voigtlander.
Sa chronique illustrée d’environ 6000 clichés est d’une valeur exceptionnelle, pas seulement parce qu’elle décrit le monde des petits propriétaires de mines, ce monde qui disparaîtra avec l’arrivée des expropriations et d’une certaine industrialisation, dès 1948.
Etant natif de la région , son frère lui-même mineur , notre artiste accompagnera les hommes, les femmes et les enfants qui manient la pioche , la pelle ,la battée ou le tamis et portent le panier sur le dos dans la galerie étroite ou dans les alluvions de la rivière.
Le photographe est là le matin très tôt quand les hommes montent vers les mines, (belle image de silhouettes des corps reposés), quand il fait frais dans la galerie humide ce qui donnera des problèmes de santé trop tôt, quand les mineurs se reposent en mangeant leur repas frugal.
Beaucoup des images présentées sont assez statiques puisqu’il semble que la population voulait être immortalisée acceptant aussi le jeu du portait endimanché mais il y a aussi des plans larges sur le chantier en cours, sur le déplacement des chevaux tirant les troncs d’arbres, ces images qui, aujourd’hui, prouvent l’arasement des monts si l’on compare avec une maquette en relief datant de 1931.
La valeur de ces photographies est indéniable pour situer cette période d’extraction mais il me semble quelles soient plus valeureuses que l’on croit en rappelant une pensée de Dorothea Lange « je devais faire en sorte que mon appareil enregistre tout ce qui chez ces gens était plus important que leur pauvreté : Leur fierté leur force, leur esprit »
Cette pauvreté qui était généralisée aussi dans les autres pays européens miniers à cette période mais ici , après la rémunération à chacun en fonction de son travail , le reste du minerai était vendu pour acheter du vin pour tous. Alors nous sommes bien loin d’un Lewis Hine qui utilisera la photographie pour dénoncer le travail des enfants, entre autre.
Tant mieux si quelques livres, quelques journaux et le Musée National d’Histoire et le Musée National de l’Union de Alba Iulia, l’association Imart2010 de Budapest reprennent ces clichés qui ont été abandonnés pendant des années et tant mieux si des échanges pourraient avoir lieu avec des musées français de la mine qui ont une expérience reconnue en la matière.
Ce serait alors l’occasion d’en savoir plus sur Bazil Roman qui sera reconnu comme un grand artiste par ses pairs en 1956, au coté de Aurel Bauh dont j’ai parlé dans une précédente causerie, comme membre fondateur de l’Association des Artistes Photographes Roumains. Curieusement, sa signature ne sera pas apposée devant notaire le 1 décembre 1956 ?
Il sera comptable et ira chaque année, bien qu’âgé vers Rosia Montana où il pratique en amateur.
A-t-il vu disparaître un monde dur pour un autre plus cruel ?
http://salvati-rosiamontana.webs.com/rosiamontana19101948.htm
http://www.adevarul.ro/locale/alba_iulia/FOTO-DOCUMENT-Apuseni-perioada-interbelica_0_689931301.html
Je vous le disais . Un choc !
http://gremine.skyrock.com/7.htmlEnfants de la Mine
Janvier 1911, Pennsylvanie. Gamins de 12 à 13 ans, USA , « les galibots américains »
Photographie : Lewis Wickes Hine
Le guide enthousiaste du musée de l’or Rosia Montana
Dans la galerie de l’époque romaine, unique en Europe
Déjà en l’an 131.
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