Comprendre l’agrandisseur et le tirage photo
C’est au tirage que la photographie en noir et blanc se concrétise
Pour de nombreux photographes, cette étape finale de leur art est celle qui leur procure le plus de satisfactions.
La scène fugitive qui a été fixée sur le film et qui, comme par magie, s’est révélée inversée au laboratoire, va maintenant prendre l’apparence de la vie.
Contrastant avec la brièveté et la soudaineté de la prise de vue et avec le sévère contrôle qui préside aux opérations de développement, le tirage des épreuves peut se faire plus tranquillement.
Là, sous la faible lumière inactinique, de médiocres négatifs vont être sauvés et des images banales transformées en effets spéciaux.
Le photographe peut façonner et moduler son œuvre, l’agrandir, l’enrichir de tons chauds ou froids, modifier les hautes et faibles lumières de la scène, augmenter ou réduire les contrastes, éliminer les parties superflues et, en définitive, préparer l’image pour la coller dans un album ou l’encadrer en vue d’une exposition.
Les procédés physiques de tirage répètent essentiellement ceux des deux premières étapes de la photographie : enregistrer la lumière sur le film et développer le négatif.
Comme le film, le papier de tirage est recouvert d’une émulsion sensible à la lumière
L’émulsion contient des cristaux d’argent associés à des atomes de brome ou de chlore, ou des deux à la fois.
La lumière passant à travers le négatif est dirigée sur le papier, soit directement, dans le cas de tirages par contact, soit à travers un objectif, s’il s’agit d’un agrandissement.
Le papier est plongé dans un révélateur plusieurs minutes afin que l`action chimique puisse convertir en argent métallique ceux des cristaux qui ont été exposés à la lumière; la feuille est ensuite immergée dans une solution dite « bain d’arrêt » pour stopper l’action du révélateur, puis dans un bain fixateur qui élimine les cristaux non développés et non exposés; l’épreuve est enfin lavée et séchée.
Une image positive permanente apparait alors, où les plages sombres correspondent aux plages claires du négatif, elles-mêmes restituant les zones sombres de la scène photographiée.
La vue se trouve ainsi reproduite en diverses valeurs de gris formant I’image.
Les principes à suivre à chaque étape sont fonction de la façon dont réagissent les produits chimiques; il n’en reste pas moins que le tirage des épreuves peut constituer un travail extrêmement original.
L’habileté manuelle et le coup d’œil ont une importance primordiale
Par exemple, le point exact où l’exposition du papier de tirage est suffisante s’apprécie habituellement à l’œil plutôt qu’au posemètre.
Le photographe évalue les différents degrés d’exposition sur une seule feuille de papier (bande de réglage) qu’iI développe ensuite, ce qui lui permet d’estimer quelle est, selon lui, la bande qui donnera la meilleure image.
L’épreuve définitive sera tirée selon ce modèle, mais cette opération ne constitue que le début du contrôle manuel et visuel du tirage ;
en effet, le photographe a la possibilité d’assombrir une partie donnée de l’épreuve (par le « burning-in », procédé qui consiste à exposer davantage cette région de l’image) ;
il peut, au contraire, éclairer une certaine zone (au moyen du « dodging », procédé par lequel on soustrait à l’action de la lumière une partie de l’épreuve).
Le moyen le plus simple consiste à passer la main entre l’objectif de l’agrandisseur et le papier, afin de doser la quantité de lumière qui atteint l’épreuve.
Cette méthode, qui peut paraître rudimentaire, est l’un des nombreux moyens permettant au tireur d’épreuves de façonner l’image positive pour qu’eIle corresponde à son négatif ou s’en écarte.
Le développement de l’épreuve
Le développement même de l’épreuve n’est pas une opération précise et mathématique comme c’est le cas pour le film, qui se développe hors de la vue de l’opérateur et suivant un processus mécaniquement réglé par la minuterie et le thermomètre.
ll est vrai que la température du révélateur et le temps de développement doivent être maintenus dans les limites recommandées pour les produits, mais celles-ci sont très variables; ces facteurs modifiant très légèrement l’aspect de l’épreuve définitive, le résultat dépend d’un choix personnel.
Autrefois, certains photographes observaient le processus de développement à la lettre et jugeaient du résultat d’après la densité que prenait l’épreuve dans le révélateur. Aujourd’hui, même les tireurs chevronnés appliquent une méthode plus fiable.
lls fixent le temps de développement à l’avance, dans les limites recommandées, puis, si besoin est, ils varient |’exposition.
Si l’épreuve n’est pas satisfaisante, ils en font une autre avec le même temps de développement, mais en exposant plus ou moins longtemps selon qu’ils souhaitent assombrir ou éclairer l’épreuve.
A chaque étape du tirage, l`opérateur aura l’occasion de modifier le résultat final; il devra suivre son intuition artistique plutôt que se fier à des considérations techniques.
Le choix du matériel de base revêt, bien entendu, une grande importance
L’agrandisseur, par exemple, peut donner naissance à des épreuves de valeurs doucement modulées, ou comportant des oppositions fortement marquées suivant la conception du système optique qui diffuse la lumière au travers du négatif.
Le choix du papier d’agrandissement permet aussi une grande latitude.
De nombreuses options de surface, de qualité et de ton d’image sont offertes.
Il existe d’ailleurs des papiers en plusieurs gradations qui déterminent le contraste entre les différentes valeurs de gris.
La composition du papier contribue aussi à déterminer l’aspect final de l’épreuve.
On trouve deux sortes de papier : à support couché polyéthylène et à support baryte.
Le papier à support couché polyéthylène permet de gagner du temps dans la chambre noire : son support plastique le rendant imperméable aux solutions chimiques, il ne doit être lavé que pendant quelques minutes, alors que le lavage du papier à support baryte dure une heure.
Nombre de photographes, cependant, préfèrent se servir du papier baryté qui, disent-ils, permet d’obtenir des images aux contrastes plus marqués parce qu’il ne comporte pas de support plastique et que l’émulsion qu’il contient est plus riche en argent.
Par ailleurs, le papier à support couché polyéthylène supporte moins facilement les ravages du temps, car le support peut se craqueler ou se voiler sous l’action des rayons ultraviolets de la lumière et les bords de la feuille s’enrou|ent parfois ou se déroulent en raison des variations de température et d’humidité.
En associant ces divers éléments et en les modifiant par le choix d’un révélateur qui modifie aussi les tons et le contraste, le photographe est à même de moduler |’atmosphère et |’aspect de ses épreuves, soit en accentuant la brillance et le détail d’une image, soit en lui donnant des tons chauds et doux.
De tels choix exigent un goût assez sûr. Les conséquences de chaque décision sont presque immédiatement visibles et on peut réparer une erreur de jugement en tirant une nouvelle épreuve.
ll n’est pas étonnant que, dans ces conditions, le tirage soit un travail d’un grand intérêt, car il permet au photographe de traiter à son gré l’image que son appareil a captée.
Fonctionnement de l’agrandisseur
L’agrandisseur, élément clé par excellence de la photographie, transforme les négatifs de petite dimension en épreuves suffisamment grandes pour être facilement examinées. De ce fait, il permet l’emploi d’apparei|s utilisant des films de petit format peu coûteux.
Les possibilités artistiques ainsi offertes s’en trouvent considérablement élargies, car on peut ne retenir qu’une partie de l’image à tirer et donner des expositions différentes aux diverses régions de |’épreuve.
L’agrandisseur fonctionne comme un projecteur de diapositives monté sur une colonne.
La lumière émise par une lampe incorporée passe à travers le négatif. Elle est ensuite mise au point par un objectif et projette l’image du négatif sur le papier posé à plat à la base de la colonne.
La distance entré l’objectif et le papier est réglée suivant le rapport d‘agrandissement désiré.
Pour régler un agrandisseur on modifie la distance qui sépare le négatif du papier en déplaçant verticalement la tête c’est-a-dire tout le bloc comprenant la lampe, le négatif et l‘objectif.
L’ensemble monte ou descend le long de la colonne en coulissant ou à l’aide d’une crémaillère.
Sur la plupart des modèles, la mise au point de l’image s‘effectue à l’aide d’une molette.
L’objectlf est également muni d’un système de réglage d’ouverture de diaphragme qui sert à doser la quantité de lumière que recevra le papier de tirage; sauf dans les cas ou une lumière très vive s’impose pour compenser un négatif trop dense, on règle le diaphragme de façon à obtenir une netteté suffisante pour corriger les erreurs, toujours possibles, de mise au point.
Les éléments de contrôle de la mise au point varient suivant les modèles, certains étant plus faciles à utiliser que d‘autres.
Mais leur complexité n’atteint jamais celle des systèmes d‘optique trés sophistiqués.
Si la lumière passait directement de la lampe a travers le négatif, elle serait plus forte au centre que sur les bords ; l’épreuve serait donc trop sombre dans sa partie centrale.
Pour éviter cet inconvénient, quelques modèles dits « à éclairage diffus » comportent, intercalée entre la lampe et le négatif, une lame de verre dépoli qui répartit la lumiere et disperse les rayons dans plusieurs directions.
Certains rayons n’atteignent donc pas |’objectlf de l’agrandlsseur, et d’autres chevauchent en passant à travers le négatif.
Les valeurs de l’épreuve présentent, de ce fait, un faible contraste.
Les agrandisseurs « à éclairage diffus » conviennent aux photographes qui cherchent à obtenir des images aux contours adoucis.
De plus, la diffusion estompe, sur l’épreuve définitive, les traces de poussière et les rayures présentes sur le négatif.
L’agrandisseur « à éclairage dirigé », autre système optique pouvant assurer la diffusion uniforme de la lumiere sur le négatif, comporte entre la lampe et le négatif deux lentilles de forme plan-convexe.
Ces lentilles concentrent la lumière de la lampe de manière à la faire passer à travers le négatif sans diffusion.
Ainsi, la trajectoire directe de la lumière accentue le contraste sur l’épreuve, parce que les rayons de lumiere provenant des différents points du négatif n’lnterfèrent pas entre eux.
De nombreux photographes utilisent les agrandisseurs « à éclairage dirigé », surtout pour les négatifs de petit format, car un fort contraste améliore la netteté.
Le choix entre ces deux systèmes dépend de la finalité souhaitée.
Si l’on désire obtenir un fon contraste, pour donner plus de « relief » à l’image, on emploiera un agrandisseur « à éclairage dirigé ».
Si l’on recherche des tons subtils et une large gamme de valeurs de gris, on préférera le système « à éclairage diffus ».
L’agrandisseur est un maillon essentiel du processus photographique.
Même avec le meilleur appareil du monde, on n’obtiendra pas de bonnes photographies si elles sont tirées à |’aide d’un agrandisseur qui manque de stabilité, qui a un mauvais objectif ou se dérègle facilement.
L’agrandisseur se compose de
- 1 – La tête de l’agrandisseur, ou lanterne contient les pièces maîtresses de l’appareil : une source lumineuse, le condensaleun un châssis porte-négatif et l’objectif. Un dispositif de réglage permet de faire varier le rapport de l ‘agrandissement à volonté
- 2 – La lampe, qui fournit la lumière pour exposer le papier de tirage, est ordinairement une ampoule électrique. Certains agrandisseurs comportent des tubes fluorescents qui donnent une lumière plus douce et diffuse
- 3 – Le condensateur, formé d’une paire de lentilles plan-convexes, répartit la lumière uniformément sur toute la surface du négatif. Dans certains modèles, le système est différent : une lame de verre dépoli, montée seule ou avec un condensateur, joue un rôle identique
- 4 – Le porte-négatif mobile, qui maintient le film plat et horizontal, se loge dans un espace prévu entre le condensateur et l’objectif principal
- 5 – Le diaphragme, à ouverture réglable, semblable au diaphragme d’un objectif d’appareil photographique, contrôle la quantité de lumière qui passe à travers I’objectif
- 6 – L’ob|ectif concentre les rayons lumineux passant à travers le négatif pour former l ‘image agrandie
- 7 – La commande de mise au polnt permet de régler en hauteur la position de l’objectif afin de mettre au point l’image projetée. Le modèle représenté ici, comportant une roue dentée et une crémaillère qui commande le tirage du soufflet, est l’un des plus courants, mais il existe d’autres systèmes
- 8 – La colonne supporte la tête de l’agrandisseur et la maintient à la verticale du plateau et du papier de tirage. Elle comporte une crémaillère pour monter ou descendre la tête de l’appareil
- 9 – Le dispositif de réglage en hauteur permet de faire varier la position de la tête sur la colonne pour choisir le rapport d’agrandissement. Hormis le dispositif à roue dentée présenté ici, il existe des modèles qui sont équipés d’une colonne lisse sur laquelle coulisse un manchon. Un dispositif de serrage permet de fixer la tête en position voulue sur la colonne
- 10 – Le contrepoids, destiné à équilibrer le poids de la tête de l’agrandisseur, permet cle déplacer celle-ci facilement le long de la colonne
- 11 – Le plateau constitue le socle de base qui supporte tout l’appareil. C’est sur lui que l’on place le rnargeur qui recevra le papier de tirage.
Une très belle vidéo sur le tirage traditionnel noir et blanc
Agrandisseurs comparatif
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