Art photographique

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Josef Koudelka

"Pendant près de quinze ans, je ne n'ai jamais travaillé pour personne, jamais accepté de commandes, jamais photographié pour de l'argent. Je ne photographiais que pour moi-même, vivant avec le stricte minimum. Je n'avais pas besoin de grand chose : un bon sac de couchage, quelques habits - une paire de chaussures, deux paires de chaussettes et un pantalon pour l'année : une veste et deux chemises que je gardais trois ans. Je n'avais pas d'appartement, je n'en avis pas besoin, je cherchais à ne rien posséder. Ce dont j'avais le plus besoin était de voyager pour photographier. Je ne voulais pas avoir ce que les gens appellent "un foyer", je ne voulais pas avoir envie de revenir quelque part. J'avais besoin de savoir que rien ne m'attendait nulle part, que l'endroit où j'étais supposé être était l'endroit où je me trouvais jusqu'au moment où il n'y avait plus rien à photographier. C'était le temps pour moi de partir. Je savais qu'il me fallait peu de chose pour continuer à fonctionner ainsi - un peu de nourriture, une bonne nuit de sommeil. J'appris à dormir partout, en toutes circonstances...

Edward Weston (1886 – 1958)

"Je ne vois aucune raison d'enregistrer l'évidence" (I see no reasons for recording the obvious) Edward Weston est un photographe américain, né le 24 mars 1886 à Highland Park près de Chicago dans l'état de l'Illinois. Il reçoit à 16 ans son premier appareil photographique, un Kodak Bull'eye n°2, mais très rapidement il s'achète un appareil d'occasion un 5x7. Jusque dans les années 20, il utilise un objectif anachromatique (flou artistique), mais dès 1921, il recherche à photographier des motifs abstraits, des angles de prises de vue, notamment des fragments de nus et de visages et pour cela il adopte la lentille convergente qui lui permet d'obtenir des photos nettes et piquées avec une très grande précision. En 1923, il s'associe avec un de ses fils et sa maitresse Tina Modotti pour exploiter un studio de portrait et ou il se spécialise dans le nu et les natures mortes. En 1927, il s'installe en californie et il crée le groupe F/64 en 1932 avec Ansel Adams entre autres. Le groupe F/64 rend la photographie très nette du premier au dernier plan ce qui correspond à la théorie de la photographie pure. Dans les années 30, il rencontre une autre femme qu'il épousera par la suite Charis et avec qui il réalisera de nombreux clichés de nus artistiques. Toutes les femmes qu'il a croisé tout au long de sa vie ont été pour lui source d'inspiration et lui ont servis de modèles, de nombreuses photos restent célèbres de nos jours. Atteint de la maladie de Parkinson 10 ans avant sa disparition, il cesse son activité de photographe et il meurt en 1958 en californie à l'âge de 71 ans. Edward Weston est un grand photographe de part la richesse de ses photos et il est incontournable. Ce nu est de 1936 très réussi ; le cadrage est parfait, le modèle légèrement décalé à gauche, seul un pied marque la droite, émergeant, clair, d'une zone d'ombre provoquée par le tronc, tout devient contraste et harmonie. Citations : « L'appareil photo voit mieux qu'un œil, alors pourquoi ne pas l'utiliser ? » « Je tire beaucoup plus de joie des choses déjà composées que je découvre dans la nature, que de mes meilleurs arrangements personnels » « Sélectionner est une autre manière de composer » « L'image existe dès que le photographe appuie sur le déclic » ...

David Hamilton (1933 – 2016 )

David Hamilton est né le 15 avril 1933 à Londres. Ses oeuvres sont vendues à des millions d'exemplaires. Hamilton est considéré comme l'un des grands photographes contemporains, son travail est également très controversé. L'adolescence est au coeur de ses préoccupations; c'est pourquoi certaines de ses photos font scandale, on l'a accusé de trop se complaire dans la sexualité adolescente, et d'encourager la pédophilie ! Il paraît évident qu'il éprouve une attirance pour les jeunes filles en fleurs (dans tous les sens du terme), mais sa façon de les photographier est tellement respectueuse de leur pudeur et les met si bien en valeur qu'on ne peut lui contester son statut d'artiste. Les jeunes filles ne s'y trompent pas et s'abandonnent totalement à son objectif. Ses photos, qui ressemblent parfois à des tableaux, saisissent admirablement ce moment un peu trouble et fragile, quand une jeune fille devient femme. On sent dans chacune d'elle ce balancement, comme une hésitation, entre deux états; entre l'enfant et la future adulte, un moment éphémère qu'il restitue avec délicatesse. Les silhouettes sont pures, les traits fins et doux, les visages souvent sereins. Ils reflètent l'innocence, l'insouciance et l'éternelle jeunesse. Hamilton semble à la recherche d'un paradis perdu dont l'adolescence a la clé.     ...

Man Ray (1890-1976) : nus stylisés et portraits

Qui est cet étrange Man Ray dont les photographies ont fait tant de bruit des deux côtés de l'Atlantique ? Honni par les uns, admiré par les autres Man Ray est sans conteste une des personnalités les plus marquantes de la photographie. Pour comprendre son oeuvre, il faut connaître ce milieu de Montparnasse (après 1920) où à la suite de Picasso et de Braque, la peinture s'engageait dans des voies nouvelles, bannissant toute tradition, et où un groupe de peintres recherchait dans le cubisme ou le surréalisme une expression inédite pour des temps nouveaux. Epris de machinisme et de cérébralité pure, ils s'essayaient à les exprimer plastiquement par la géométrie des taches, le concept de beauté était en pleine évolution. « L'on confond l'idée de beau avec celle de plaisir. Le beau n'est pas le plaisir; l'œuvre d'art a pour seul but de créer chez le spectateur des émotions voulues. S'il existe des constantes de la sensibilité, il n'en est guère pour nos jugements de valeurs. Le jugement de plaisir ou déplaisir est parfaitement individuel. L'art n'a pas à se soucier de ce jugement-là, mais seulement de nous émouvoir ». Amédée Ozenfant. Il est d'autant plus curieux de voir cette tendance du surréalisme trouver une de ses expressions dans la photographie, que s'en éloigner fut précisément un des buts principaux des surréalistes. « L'art d'imitation est distancé par la photographie et le cinéma », disaient-ils, il faut donc chercher autre chose en peinture. L'art photographique de Man Ray procède exactement de l'esthétique surréaliste Nous ne comprendrons son œuvre qu'en la rapprochant de cette école. Il cherchait dans la photographie ce que ses camarades cherchaient dans la peinture et cela explique le côté « irréel » de ses études. Pour lui, la photographie n'avait rien de mécanique, on la compare volontiers aux caractères d'une machine à écrire tout aussi aptes que la plume à reproduire la pensée. Il exigeait qu'on juge son œuvre non pas selon la méthode employée, mais selon les idées qui l'inspiraient. Peu importe qu'on reproche à ses études d'être loin de la nature, d'être stylisées, de n'être plus de la photographie mais de la peinture. La seule chose qui comptait pour lui, c'est de savoir si elles avaient, oui ou non, de la valeur. Le peintre surréaliste, Man Ray, devenu photographe s'est fait l'alchimiste de la photographie Tous les stades du processus photographique lui suggéraient des formules nouvelles, l'attiraient dans les combinaisons les plus diverses du hasard; il choisissait attentivement les éléments d'une œuvre neuve. Expérimenter et...

L’Art photographique sous l’ère numérique

Pour vous est ce que la photographie numérique, qui tend vers une esthétique parfaite, à une place légitime dans le marché de l’art ? Je ne sais pas si la photographie numérique tend vers une esthétique parfaite ! Comme disait Man Ray "les trucages d'aujourd'hui sont les réalités de demain". Bien sûr toute création, qui intéresse le public, peut mériter une place dans le marché de l'art. De nombreux artistes photographes actuels sont plutôt des plasticiens qui savent parfaitement utiliser les logiciels d'images pour leur création. Il est clair que la photographie numérique est petit à petit "absorbée" par les autres arts plastiques.  C'est un peu dommage car après 1827 (date de la première photographie officielle par Nicéphore Niépce), le médium photographique a évolué durant les 100 années qui ont suivi pour finalement se faire reconnaître comme un Art à part entière. www.stefan-gilbert.com Aujourd’hui  de nombreuses applications existent à propos de la photographie que ce soit pour les retouches ou la publication. Il est même possible de se faire payer pour des photographies postées sur instagram. Pensez-vous que cela mette en danger le métier de photographe ? La révolution numérique ne profite pas à tout le monde ! Comme dans toute révolution technologique il y a des perdants et des  gagnants ! Le métier de photographe, qui était un métier de spécialiste, s'est démocratisé pour atteinte un large public qui peut profiter de la technologie numérique dans des domaines très variées. La photographie commerciale profite de ce gain de productivité. Comme toujours, quand apparait une nouvelle technologie soutenue par un marché dynamique, des opportunités se présentent avec des nouveaux métiers. Les professionnels doivent maintenant compter avec  les amateurs "éclairés"  et un partage du marché avec de nombreux semi-professionnels. Je pense par exemple à des salariés d'entreprise au départ non photographes qui, grâce à la facilité du numérique, réalisent eux même leurs photographies publicitaires ou commerciales pour promouvoir leurs produits sur Internet notamment. Dans le domaine de la photographie, de nombreux professionnels sont en difficulté ou ont pratiquement disparu je pense aux photographes de presse et aux reporters, aux artisans photographes portraitistes traditionnels ayant pignon sur rue, aux laboratoires argentique...

Jean-Loup Sieff (1933 – 2000)

Jean-Loup Sieff est né le 30 novembre 1933 à Paris de parents d’origine polonaise. Il étudie à l’école primaire à Paris et poursuit ses études secondaires aux lycées Chaptal et Décours ou il obtient le bac de philosophie. Débuts en photographie, formation Il entame de courtes études de lettres (2 semaines), commence des cours de photographie à l’école de Vaugirard où il ne restera que 3 semaines puis à l’école Vevey en suisse où son séjour se limitera à 7 mois et fréquentera le centre de formation des journalistes une dizaine de jours ! Lors d’une interview, Jean-Loup Sieff répond à la question rituelle : pourquoi faites-vous des photographies ? Il répond : « c’est parce qu’ on m’a offert un appareil photographique ». C’est vrai qu’il a commencé à faire des photographies à l’âge de 14-15 ans après avoir reçu un appareil comme cadeau d’anniversaire. II ajoutera qu’il fait des photos pour « arrêter la fuite du temps » et que sa véritable motivation est « le plaisir » et que dans toute activité, il y a la raison première, spontanée, irréfléchie, puis la réflexion sur sa finalité. Il ne faut pas que cette dernière vienne occulter, voire remplacer ce qui l’engendrera. Pour Jean-Loup Sieff l’art n’existe pas, seuls les artistes existent « Toute création passe par une technique mise au service d’un résultat satisfaisant pour les sens. Bonheur des formes, des couleurs, des mots, de l’oreille, du toucher…Il y a des photographies qu’on a envie de caresser de l’œil ! Mes photographies ne sont ni militantes, ni objectives, je ne témoigne de rien, n’ai aucun message à délivrer, ni point de vue à faire valoir. » Pour échapper à l’ennui du lycée, il se passionne pour la lecture, notamment pour l’écrivain Marcel Proust. Il avait décidé d’être metteur en scène de cinéma et fréquentait avec une égale passion le photo club et le ciné club de Clichy. Première parution, premiers contrats En 1950, à l’âge de 17 ans, sa première photo fut publiée dans photo-revue. En 1954-55, il débute ses premiers reportages : « le dimanche des jeunes filles célèbres » ou il interview et photographie Françoise Sagan et Marina Vlady. Lors de la publication, ses textes furent coupés et ses photos recadrés. Il ne l’accepta pas et ce fut le début de son combat pour le respect des images. De 1955 à 1958, il fut engagé au magasine « Elle » ou il fit des portraits, des reportages et des photos de mode. Tout en...